Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/41

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Las des Titines de Montparnasse et de leurs amis, las de ces romanciers moyens et de ce Tibaille où il a mis joliment beaucoup de lui-même, fatigué, par avance, d’être le triste commensal de M. Folantin, hanté de quelque mysticisme de riddeck qui lui faisait paraître le naturalisme insuffisant, M. Huysmans saisit avec bonheur l’occasion d’appliquer ses méthodes à un portrait aristocratique, et au lieu d’être un maussade Jordaens, il rêva de s’élever à être un Van Dyck prophétique, et À Rebours, qui n’était point un livre facile à réussir, qui n’est pas un bouquin méprisable, exerça sur beaucoup de gens une fort mauvaise influence. C’était une grosse lanterne foraine qui attira beaucoup de gros phalènes curieux, et, d’avoir contemplé le jeu capricieux de ses feux versicolores, certains lettrés en sont demeurés encore en cet état, que le style populaire fixe, sous ce terme : baba, et qui veut dire éberlué. On imita le duc des Esseintes ; il y donnait prise, il était hermétique et se jouait dans des teintes mourantes de cravates et de chaussettes ; il enseignait la préciosité, et tentait à dire rien avec pittoresque. Il faut différencier des Esseintes et M. de Montesquiou ; des Esseintes et, sous son masque, M. de Montesquiou eurent quelque influence, mauvaise mais précise, surtout en Belgique. Depuis l’apparition de son premier volume, M. de Montesquiou a perdu toute existence réelle, et sa gloire mondaine persiste seule pour ceux qui se soucient de cet ordre de faits sociaux.

Verlaine avait donné les Poètes Maudits, allait donner Jadis et Naguère, rééditer Sagesse et développé tout le spectacle de son âme enfantine et de sa sensibilité