Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/44

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du Mal portait ses fruits ; de divers côtés on préparait des anthologies des pièces de basse latinité ; ce fut plus tard M. de Gourmont qui réalisa, pour sa part, ces projets antérieurs que sans doute il ignora. Il y avait aussi l’idée que les Prussiens de 70 avaient été les barbares, que Paris c’était Rome ou Byzance ; les romans de Zola, Nana, avaient souligné la métaphore, et il y avait donc des décadents ; on parlait du roman de la pourriture, du roman médical ; sous cette influence de Verlaine, de Huysmans, de Zola surtout, et beaucoup aussi de Mendès conteur, dont les tableautins licencieux étaient alors fort goûtés, marchait un groupe d’écrivains plus prosateurs que poètes. Mme Rachilde était le meilleur écrivain en prose de ce groupe.

Plus que le sonnet de Verlaine, plus que toute raison esthétique, antérieurement à l’apparition du Décadent, qui d’ailleurs fut de quelques jours plus jeune que La Vogue, un petit opuscule fit la fortune du mot : Décadents ; quelques-uns des poètes décadents ou de ceux qui furent plus tard symbolistes avaient été parodiés et le groupe naissant avait subi son petit Parnassiculet. Ce furent les Déliquescences d’Adoré Floupette, publié chez Lion Vanné, bibliopole à Byzance. Sous l’inspiration de Paul Arène, esprit charmant et étroit, qui avait été du Parnassiculet (avec le même sentiment d’ironie un peu méchante pour les confrères), un excellent poète, Gabriel Vicaire, et un homme d’esprit, Henri Bauclair, maintenant secrétaire au Petit Journal et qui alors démontrait, dans de brèves nouvelles, des qualités d’humour à la Baric, écrivaient un petit volume, qui se ressentait infiniment du patronage d’Arène, par