Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/48

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Creuse lointaine, sous couleur d’éduquer les enfants de la laïque de Saint-Denis, loua une mansarde rue de la Victoire et non seulement il y fonda un journal mais il y installa une imprimerie. Ses directeurs de conscience littéraire furent alternativement, ou tout ensemble, je ne m’en souviens plus, M. Paterne Berrichon et M. Maurice Du Plessys ; le journal s’appelait le Décadent. Encore qu’il fut décadent, Baju louchait du côté des Symbolistes. Il pourparla. Peut-être eûmes-nous tort, M. Jean Moréas, qui se voyait grand, et moi-même de l’autoriser seulement à reproduire de nous ce que bon lui semblerait. Baju s’entêta, nous offrit son journal et la rédaction de La Vogue, écrivit un no du Décadent. L’idée de Baju, idée juste au premier chef, était d’être éclectique dans un exclusivisme donné ; nous fûmes trop exclusifs et le Décadent retourna aux Décadents, ce qui était fort juste, et puis il mourut, car rien n’est éternel. Le Symboliste, un hebdomadaire à deux sous, que nous avions créé, Adam, Moréas, Laforgue et moi pour être accessible aux petites bourses et avec les capitaux (parfaitement) de la maison Tresse et de la maison Soirat ne vécut que quatre numéros. Un vieux communard l’imprimait dans les fonds de Vaugirard, pour une rétribution, je pense, un peu stricte ; le Décadent ne survécut guère au Symboliste. Étéocle et Polynice s’étaient porté des blessures mortelles, et puis la survie du Décadent n’eut qu’une importance relative, il était devenu petite revue ; c’était bien gros pour Baju ; il y perdait son arôme de journal, d’hebdomadaire, ce n’était plus un léger papier drôlet, où toutes les lettres dansaient. Baju avait un imprimeur. Il fut