Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/71

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faire du symbolisme et des symbolistes, ancien direc teur de la Revue Wagnérlenne, entreprit de la refonder avec MM. Félix Fenéon et Téodor de Wyzewa comme inspirateurs et rédacteurs en chef. Félix Fenéon s’étant presque immédiatement retiré, M. de Wyzewa en demeura le principal moteur et y appliqua ses idées qui consistaient à y faire écrire des écrivains déjà nantis du succès, mais pas encore accueillis par le triomphe. On y voulait servir cette idée du bourgeois lettré que nous indiquions plus haut, que le Mouvement nouveau comprenait Goncourt et Verlaine et Mallarmé, et M. Anatole France, et M. Robert de Bonnières, et M. Octave Mirbeau, en somme ceux que le journalisme littéraire ne mettait pas en première ligne. Il y avait d’ailleurs, à cette époque, un groupe de romanciers psychologues qu’on réunissait dans une sorte de communion intellectuelle, Bourget, Bonnières, Hervieu, Mirbeau, il y avait Huysmans un peu à part, Becque très à part, dont l’heure allait approximativement sonner avec les débuts d’Antoine. M. Anatole France n’avait pas encore pris tout son développement ni toute l’ampleur de sénérité qui ont mis si haut son génie ardent et calme. C’était l’auteur gracieux de Sylvestre Bonnard, et le critique littéraire, le meilleur d’un temps où ils ne furent pas extraordinaires ; on peut penser sans injustice que chez M. Anatole France, le critique des faits, l’historien de la vie contemporaine, selon la belle méthode neuve qu’il s’est instaurée et l’écrivain original sont plus importants que le critique littéraire. Il était englobé dans cette conception de revue, à côté des précurseurs du symbolisme, déjà connus au moins de