Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/124

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facile pour s’élever lentement à des exercices plus difficiles. En métaphysique, on commence par le plus difficile : par la possibilité et l’existence, par la né­cessité et la contingence, etc., c’est-à-dire par de pures notions, qui demandent une grande abstraction, une grande attention, alors surtout que leurs signes éprou­vent dans l’application un grand nombre d’altérations, dont la différence ne doit pas échapper. Le procédé doit être absolument synthétique. On définit donc éga­lement dès le début, et l’on déduit avec assurance. Ceux qui philosophent dans ce goût se félicitent entre eux d’avoir appris du géomètre le secret de penser avec profondeur, et ne s’aperçoivent point que le géo­mètre acquiert ses connaissances par la composition des notions, tandis que les philosophes ne pourraient acquérir les leurs que par l’analyse seule ; ce qui change tout à fait la méthode de penser.

Aussitôt, au contraire, que les philosophes auront pris la voie naturelle de la raison pour rechercher avant tout ce qu’ils savent avec certitude de la notion abstraite d’un objet (par exemple du temps ou de l’es­pace), sans prétendre aux définitions ; s’ils ne rai­sonnent que sur ces données certaines ; si, dans toute application changeante d’une notion, ils s’attachent à voir si la notion elle-même, malgré l’identité du signe qui la représente, n’a pas subi de changement, alors peut-être n’apporteront-ils pas un si grand nombre de