Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/140

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seulement la prescription, comme lorsqu’il s’agit de résoudre un problème, des moyens qu’on doit em­ployer quand on veut atteindre une certaine fin. Celui qui enseigne à un autre ce qu’il doit pratiquer ou omettre pour se rendre heureux, si telle est sa vo­lonté, pourra peut-être bien ramener à ce point toute la morale ; mais la morale ne sera plus une affaire d’obligation ; à moins qu’on n’appelle de ce nom la nécessité où je suis de tracer deux arcs de cercle quand je veux couper une ligne droite en deux parties égales. C’est-à-dire que ce ne sont pas là des obligations, mais seulement des indications pour atteindre habile­ment un but proposé. Or, comme l’usage des moyens n’a pas d’autre nécessité que celle qui se rapporte à la fin, toutes les actions prescrites par la morale, sous la condition de certaines fins, sont à ce titre contin­gentes, et ne peuvent prendre le nom d’obligations tant qu’elles ne sont pas subordonnées à une fin né­cessaire. Je dois, par exemple, travailler à une com­plète perfection, ou je dois suivre la volonté de Dieu. Quelle que soit celle de ces deux propositions à la­quelle serait soumise toute la philosophie pratique, cette proposition, pour qu’elle doive être une règle et un fondement de l’obligation, doit prescrire l’action comme immédiatement nécessaire, et non sous la con­dition d’une certaine fin. Or nous trouvons ici qu’une pareille règle suprême, immédiate de toute obligation,