Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/167

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tion : car quel que puisse être le plaisir, toujours il manque quelque plaisir possible, aussi longtemps que nous sommes des êtres bornés. Celui qui prend un médicament dont la saveur est semblable à celle de l’eau pure, ressent peut-être un plaisir de la santé qu’il espère ; dans le goût, au contraire, il ne trouve aucun plaisir ; mais ce défaut (defectus) n’est pas encore un déplaisir. Donnez-lui un médicament d’absinthe : la sensation devient très-positive. Il n’y a pas ici un simple manque de plaisir, mais quelque chose qui est une vraie cause du sentiment qu’on nomme déplaisir.

Mais on peut en tout cas reconnaître, par les éclaircissements que nous venons de donner, que le déplaisir n’est pas un sentiment purement négatif, mais bien un sentiment positif. Ce qui suit prouve évidemment que la peine est positive, et qu’elle est l’opposé réel du plaisir. On annonce à une mère Spartiate que son fils a combattu en héros dans la défense de la patrie : le doux sentiment du plaisir s’empare de son âme. Mais on ajoute qu’il est mort avec gloire : cette dernière nouvelle diminue considérablement ce plaisir, et le réduit à un plus faible degré. Appelez 4a le plaisir occasionné d’abord, et supposez que le déplaisir résultant de la seconde nouvelle soit simplement une négation = 0 : ces deux choses réunies donnent une valeur de la satisfaction 4a + 0 = 4a : en sorte