Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/281

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somption de quelque objet présent à une notion intel­lectuelle donnée est possible, est aussi la condition de la possibilité même de l'objet.

§ 27.

Axiome subreptice de la première classe : Tout ce qui est, est quelque part et en quelque temps[1]. Ce faux principe soumet l'existence de tous les êtres, de ceux-là mêmes qui sont connus intellectuellement, aux conditions de l'espace et du temps. De là, la question oiseuse des lieux occupés par les substances immaté­rielles (dont cependant nous n'avons, par cette même raison, aucune intuition sensible, ni aucune repré­sentation sous une pareille forme) dans l'univers cor­porel, du siège de l'àme, etc. Et comme le sensible est abusivement mêlé à l'intellectuel, comme si l'on con­fondait le rond avec le carré, les disputants présentent souvent le spectacle ridicule de deux personnes dont

  1. L'espace et le temps sont conçus comme comprenant en eux tout ce qui s'offre aux sens, de quelque manière que ce soit. C'est pour cette raison que, d'après les lois de l'esprit humain, il n'y a pas d'être donné en intuition qui ne soit contenu dans l'espace et le temp*. A ce préjugé peut en être comparé un autre, qui n'est pas proprement un axiome subreptice, mais qui est un jeu de la fantaisie, et qui pour­rait être formulé ainsi : l'espace et le tempssont dans tout ce quiexiste, c'est-à-dire, toute substance est étendue, etc. continuellement modifiée. En effet, ceux-là mêmes dont les notions sont le plus grossières, quoi­que fort asservis à cette loi de l'imagination, conçoivent néanmoins qu'il ne s'agit là que,de Teffort que fait rimagination pour se repré­senter les formes {species) des choses, et non des conditions de leur existence.