Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/352

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jamais l'existence d’un être dont la notion (si elle n’est pas déterminée avec incertitude, et par conséquent exposée au mélange de toute sorte d’illusion possible) exige une infinité en grandeur pour le distinguer dé toute créature, mais une notion à laquelle aucune expérience ou intuition ne peut être adéquate ; jamais donc l’existence d’un pareil être ne serait clairement prouvée par là. Personne donc ne peut être tout d’abord persuadé de l’existence de l’être suprême par une intuition quelconque ; la foi rationnelle doit précéder ; ce n’est qu’alors en tout cas que certains phénomènes ou manifestations pourraient être une occasion de rechercher si nous sommes bien autorisés à regarder comme une divinité ce qui nous parle ou se montre à nous, et confirmer cette foi.

Contester à la raison le droit qui lui appartient de parler la première dans les matières qui dépassent les objets sensibles, comme l’existence de Dieu et la vie future, c’est ouvrir la porte à deux battants à toute sorte d’extravagance, à la superstition et même à l’athéisme. Dans cette discussion entre Jacobi et Mendelssohn, tout semble cependant disposé pour ce renversement, soit, ce que ne sais pas bien, simplement de la lumière de la raison et du savoir (par une prétendue force dans la spéculation), soit même de l’usage de la raison, et tendre au contraire à l’établissement d’une autre foi que chacun peut se faire à sa guise. On devrait