il arrive cependant en mathématiques), Platon a du admettre pour nous autres hommes des intuitions à priori, mais qui n'avaient pas leur première origine dans notre entendement, car notre entendement n'est pas une faculté intuitive, cen'est qu'une faculté discursive ou de penser. Cette origine ne pourrait être que dans un entendement qui serait en même temps le principe fonda mental de toutes choses, c'est-à-dire l'entendement divin. Ces intuitions directes pouvaient être nommées directementaes prototypes (idées). Mais notre intuition de ces idées divines (car nous avons dû cependant avoir une intuition à priori, quand nous avons voulu comprendre la faculté des propositions synthétiques à priori en mathématiques pures), comme copie (ectypa) en quelque sorte, comme images obscurcies de toutes choses, que nous connaissons synthétique-ment à priori, n'est qu'indirectement innée; notre naissance a obscurci ces idées, en nous en faisant oublier l'origine. C'est une conséquence de la chute de notre esprit (appelé âme aujourd'hui) dans un corps, des liens duquel la philosophie a pour tâche maintenant de s'affranchir peu à peu[1].
- ↑ Platon, du moins se montre conséquent dans eette manière de raisonner. 11 avait sans doute présente à l'esprit, quoique d'une manière obscure, la question qui n'a été posée clairement et littéralement que depuis peu : « comment les jugements synthétiques à priori sont-ils possibles? » Sil avait alors pu prévoir ce qui ne devait être trouvé que plus tard, à savoir, qu'il y a certainement des intuitiont à priori, uon pas de l'entendement humain, mais des intuitions sen-