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TRAITÉ DE PAIX PERPÉTUELLE


comme faculté que possède l’homme d’assurer l’accomplissement de ses devoirs (comme précepte divins) contre toute puissance de la nature ; 3° L’immortalité, comme état où le bonheur ou le malheur de l’homme doit être en rapport avec son mérite moral. — On voit que ces trois choses forment en elles comme l’enchaînement des trois propositions d’un raisonnement attributif ; et comme aucune réalité objective ne peut leur être théoriquement accordée, parce qu’elles sont des idées du suprasensible, on ne leur en conçoit une possible, si elles en sont susceptibles d’ailleurs, qu’au point de vue pratique, comme postulats de la raison moralement pratique (1)[1].

Parmi ces idées, la moyenne, celle de liberté, dont l’existence est contenue dans l’impératif catégorique, qui ne permet aucun doute, est accompagnée des deux autres. L’impératif supposant le principe suprême de la sagesse, par conséquent aussi la fin dernière de la volonté parfaite (la suprême félicité d’accord avec la moralité), contient seulement la condition sans laquelle seule cette fin peut être atteinte. En effet l’être qui

  1. (1) Un postulat est un impératif pratique, donné à priori, dont la possibilité n’est susceptible d’aucune explication (par conséquent d’aucune preuve). On ne postule donc pas des choses, ou en général l’existence de quelque objet, mais seulement une maxime (règle) de l’action d’un sujet. — Si donc il y a devoir d’agir pour une certaine fin (le souverain bien), je dois aussi pouvoir admettre qu’il y a des conditions sous lesquelles seules l’accomplissement d’un devoir est possible, quoique ces conditions soient sursensibles, et que nous ne puissions en avoir (théoriquement) aucune connaissance.