Page:Kant - Éléments métaphysiques de la doctrine du droit.djvu/331

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de ceux qui exploitent les mines d’or et d’argent au Pérou ou au Nouveau-Mexique, surtout si l’on songe à toutes les tentatives malheureuses et à toutes les peines inutiles que coûte la recherche des veines métalliques, est vraisemblablement plus considérable que celui qu’exige la confection des marchandises en Europe ; et, n’étant plus payé, par conséquent tombant de lui-même, il aurait bientôt réduit ces pays à la misère, si, de son côté, l’industrie de l’Europe, excitée précisément par l’appât de ces matières, ne s’était développée proportionnellement, de manière à entretenir chez eux, par les objets de luxe qu’elle leur offrait, le goût de l’exploitation des mines. C’est ainsi que toujours le travail suscite la concurrence du travail.

Mais comment est-il possible que ce qui était d’abord marchandise soit devenu à la fin de l’argent ? Cela arrive lorsque le souverain d’un pays faisant une grande consommation d’une matière qui ne servait d’abord qu’à l’ornement et à l’éclat de ses serviteurs ou de sa cour (par exemple l’or, l’argent, le cuivre ou cette espèce de beaux coquillages appelés cauris, ou encore, comme dans le Congo, une espèce de nattes nommées makate, ou, comme dans le Sénégal, des lingots de fer, ou même, comme sur les côtes de la Guinée, des esclaves nègres), lorsque, dis-je, ce souverain exige que ses sujets lui payent certains impôts en cette matière (comme marchandise), et qu’à son tour, les poussant ainsi à travailler pour la fournir, il les paye avec la même matière, d’après les lois du commerce qui s’établit entre eux et avec eux en général (sur un marché ou dans une bourse). — C’est de cette