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xiv
AVANT-PROPOS


de la littérature française. Si parmi ces remarques quelques-unes ont cessé d’être vraies (1)[1], si d’autres nous paraissent étroites et mesquines (2)[2], on retrouve dans la plupart une pénétrante observation et une haute intelligence de la nature humaine. Mais la plus remarquable partie de ce petit écrit est sans contredit celle où Kant traite du beau et du sublime dans leurs rapports avec les sexes. Il y a là sur les qualités essentiellement propres aux femmes, sur le genre particulier d’éducation qui leur convient, sur le charme et les avantages de leur société, des observations pleines de sens et de finesse, des pages dignes de Labruyère ou de Rousseau (3)[3]. Kant reprend après celui-ci cette thèse, si admirablement développée dans la dernière partie de l’Emile, que la femme, ayant une destination particulière, a aussi des qualités qui lui sont propres, et qu’une intelligente éducation doit cultiver et développer conformément au vœu de la nature. Nul au dix-huitième siècle n’a parlé des

  1. (1) Tel est, par exemple, comme le remarque Rosenkranz, (page 9 de la préface déjà citée), le jugement qu’il porte sur les Français (page 304 de la traduction), ce jugement auquel la révolution française est venue donner depuis un si éclatant démenti.
  2. (2) Par exemple son jugement sur l’architecture du moyen-âge (page 319 de la traduction).
  3. (3) Aussi l’auteur des Observations sur le sentiment du beau et du sublime fut-il appelé le Labruyère de l’Allemagne.