Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/297

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nation, les conséquences qui y sont liées et l’affinité de ce concept avec d’autres, sont appelées des attributs (esthétiques) d’un objet dont le concept, en tant qu’idée rationnelle, ne peut trouver d’exhibition adéquate. Ainsi l’aigle qui tient la foudre entre ses serres est un attribut du puissant roi des cieux, et le paon, un attribut de sa magnifique épouse. Ils ne représentent pas, comme les attributs logiques, ce que contiennent nos concepts de la sublimité et de la majesté de la création, mais quelque autre chose où l’imagination trouve l’occasion de s’exercer sur une multitude de représentations analogues, qui font penser au-delà de ce qu’on peut exprimer en un concept déterminé par des mots ; et ils fournissent une idée esthétique, qui remplace pour l’idée rationnelle l’exhibition logique et qui anime véritablement l’esprit, en lui ouvrant une perspective sur un champ immense de représentations analogues. Les beaux-arts ne procèdent pas seulement ainsi dans la peinture ou dans la sculpture (où les attributs sont ordinairement employés), mais la poésie et l’éloquence doivent l’âme qui vivifie leurs ouvrages aux attributs esthétiques des objets, qui accompagnent les attributs logiques, et qui, donnant de l’essor à l’imagination, nous font penser, quoique d’une manière confuse, beaucoup plus que ce que peut comprendre un concept, ou rendre une expression déterminée. — Je me