Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome premier.djvu/356

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une concordance qui s’établit sans but, d’elle-même, et d’une manière accidentelle entre la faculté de juger et les formes qui se produisent dans la nature d’après des lois particulières. Les belles formes de la nature organique parlent en faveur du réalisme de la finalité de la nature, ou de cette opinion qui admet comme principe de la production du beau une idée du beau dans la cause qui le produit, c’est-à-dire une fin relative à notre faculté de juger. Les fleurs, les figures-mêmes de certaines plantes tout entières, l’élégance, inutile pour notre usage, mais comme choisie exprès pour notre goût, que montrent toutes sortes d’animaux dans leurs formes, surtout la variété et l’harmonie des couleurs (dans le faisan, dans les testacés, dans les insectes, jusque dans les fleurs les. plus communes), qui plaisent tant aux yeux et sont si attrayantes, et qui s’arrêtant à la surface, et n’ayant même rien de commun avec la figure, laquelle pourrait être nécessaire aux fins intérieures de ces animaux, paraissent avoir été faites tout exprès pour l’intuition externe ; toutes ces choses donnent un grand poids à ce genre d’explication qui admet dans la nature des fins réelles pour notre Jugement esthétique.

Mais, outre que cette opinion a contre elle la raison qui nous fait une maxime d’éviter, autant que possible, de multiplier inutilement les prin-