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CRITIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE.

Est-ce dans la physique ou dans la théologie ? Il faut que ce soit l’une ou l’autre, car il n’y a point de science qui puisse former le passage de l’une à l’autre, puisque ce passage n’indique qu’une organisation du système et non une place dans le système.

Il est évident qu’elle n’est point une partie de la théologie, quoiqu’on puisse en faire dans cette science un très-important usage. Car elle a pour objet les productions de la nature et la cause de ces productions ; et, quoiqu’elle tende à un principe placé en dehors et au delà de la nature (à une cause divine), elle n’agit pas ainsi pour le Jugement déterminant, mais seulement pour le Jugement réfléchissant, qu’elle cherche à diriger par cette idée, comme par un principe régulateur, dans l’étude de la nature, conformément à l’entendement humain.

Elle ne paraît pas davantage appartenir à la physique, qui a besoin de principes déterminants et non pas simplement de principes réfléchissants, pour donner les raisons objectives des effets naturels. Aussi, la théorie de la nature, ou l’explication mécanique de ses phénomènes par leurs causes efficientes, ne gagne-t-elle rien à ce qu’on les considère d’après la relation des fins. L’exposition des fins de la nature dans ses productions, en tant qu’elles constituent un système suivant des concepts téléologiques, n’est proprement qu’une description de