Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/37

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Un œil enlevé à une branche d’arbre, et enté sur une branche d’un autre arbre, produit, sur une plante étrangère, ~ne plante de son espèce, et de même une greffe sur un tronc étranger. C’est pourquoi on peut dans le même arbre considérer chaque branche ou chaque feuille comme ayant été simplement greffée ou écussonnée sur cet arbre, par conséquent comme un arbre existant par lui-même, qui seulement s’attache à un autre et en est le parasite. En outre, les feuilles sont, à la vérité, des produits de l’arbre, mais elles le conservent aussi de leur côté ; car on le détruirait en le dépouillant à plusieurs reprises de ses feuilles, et sa croissance dépend de leur effet sur la tige. Je ne mentionnerai ici qu’en passant, quoiqu’on doive les ranger parmi les propriétés les plus étonnantes des êtres organisés, ces secours que la nature leur apporte d’elle-même pour les réparer, lorsque le manque d’une partie nécessaire à la conservation des parties voisines est suppléé par les autres, et ces défauts d’organisation ou ces difformités dans lesquelles certaines parties remédient aux vices de constitution ou aux obstacles en se formant d’une manière tout à fait nouvelle, pour conserver ce qui est, et pour produire une créature anormale.