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CRITIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE.

nous trouvons dans la nature. Il faut avoir au contraire le soin et la modestie de se borner à l’expression qui ne désigne que ce que nous savons, c’est-à-dire à l’expression de fin de la nature. En effet, avant de nous enquérir de la cause de la nature-même, nous trouvons, dans la nature et dans le cours de son développement, des productions de ce genre qu’elle forme suivant des lois connues de l’expérience et d’après lesquelles la science de la nature doit juger ces sortes de choses, et par conséquent aussi en chercher la causalité dans la nature-même, en la considérant comme soumise à la règle des fins. Elle ne doit donc pas sortir de ses limites pour introduire en elle-même, comme un principe qui lui soit propre, un concept dont on ne peut jamais trouver la confirmation dans l’expérience, et qu’on n’a le droit de hasarder que quand la science de la nature est achevée.

Les qualités de la nature qui se démontrent a priori, et dont, par conséquent, la possibilité peut être déduite de principes a priori, sans le secours de l’expérience, contiennent, il est vrai, une finalité technique, mais, comme elles sont absolument nécessaires, on ne peut les rapporter à la téléologie de la nature, ou à cette méthode qui est particulière à la physique, dans l’étude des questions que suscite la nature. Les rapports arithmétiques ou géométriques, ainsi que les lois générales du mou-