Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/108

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Beaucoup de lois de la nature ne peuvent nous être connues que par le moyen de l’expérience ; mais nous ne pouvons apprendre à connaître la légitimité dans la liaison des phénomènes, c’est-à-dire la nature en général, par aucune expérience, attendu que l’expérience même a besoin de ces lois, comme fondement de sa possibilité a priori.

La possibilité de l’expérience en général est donc aussi la loi universelle de la nature, et les principes de la première sont même les lois de la seconde. Car nous ne connaissons la nature que comme ensemble des phénomènes, c’est-à-dire comme ensemble des représentations en nous, et nous ne pouvons par conséquent tirer la loi de leur liaison que des principes de leur liaison en nous, c’est-à-dire des conditions de l’union nécessaire en une seule conscience, union qui constitue la possibilité de l’expérience.

La proposition principale même, qui fait l’objet de toute cette section, à savoir que des lois universelles de la nature peuvent être connues a priori, conduit déjà d’elle-même à la proposition : que la législation suprême de la nature doit se trouver en nous, c’est-à-dire dans notre entendement, et que nous n’en devons pas chercher les lois universelles en partant de la nature par le moyen de l’expérience, mais que nous devons au contraire chercher la nature de leur légitimité universelle en partant uniquement des conditions de la possibilité de l’expérience qui sont dans notre sensibilité et notre entendement. Comment en effet serait-il possible autrement de connaître a priori