Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même des notions qui doivent dépasser l’usage physiologique de l’entendement (Critique, t. II, p. 44 et p. 75), c’est toujours le même fil conducteur qui, devant toujours passer par les mêmes points fixes, déterminés a priori dans l’entendement humain, forme également un cercle achevé qui ne permet pas de douter que l’objet d’un entendement pur ou d’une notion rationnelle, en tant qu’il doit être considéré philosophiquement et suivant des principes a priori, peut ainsi être pleinement connu. Je n’ai même pas pu ne pas faire usage de ce guide en ce qui regarde une des divisions ontologiques les plus abstraites, celle de la distinction variée des notions de quelque chose et de rien, et ne pas dresser en conséquence une table régulière et nécessaire (Critique, p. 300)[1].

Ce même système, comme tout vrai système fondé

  1. On peut faire sur la table en question des catégories toutes sortes d’observations, telles que les suivantes : 1o que la troisième résulte de la première et de la deuxième réunies en une notion ; 2o que dans celles de quantité et de qualité il y a simplement progrès de l’unité à la totalité, ou d’un quelque chose à un rien (ce qui exige que les catégories de la qualité soient disposées ainsi : réalité, limitation, entière négation), sans correlata ou opposita, quand au contraire celles de la relation et de la modalité impliquent ces corrélations ; 3o que, de même qu’en logique les jugements catégoriques sont la base de tous les autres, la catégorie de substance est la base de toutes les notions de choses réelles ; 4o que, tout comme la modalité n’est pas un prédicat dans le jugement, les notions modales n’ajoutent non plus aucune détermination aux choses, etc. Toutes ces considérations ont leur grande utilité. Si outre cela, on compte tous les prédicables qu’on peut assez pleinement tirer de quelque bonne ontologie (de Baumgarten) et qu’on les classe sous les catégories, avec l’attention d’y joindre une analyse aussi complète que possible de toutes ces notions, on obtiendra une partie purement analytique de la métaphysique, qui ne contient encore aucune proposition synthétique, et peut précéder la partie synthétique, et qui, par sa déterminabilité et son intégralité, serait utile, en même temps que par son côté systématique elle présenterait de plus une certaine beauté.