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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/121

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POSSIBILITÉ D’UNE MÉTAPHYSIQUE.


en outre celle qui en constitue le but essentiel, pour lequel tout le reste n’est qu’un moyen ; ce qui fait que cette science a besoin pour elle-même d’une pareille déduction. La troisième question qui s’offre à nous maintenant concerne donc comme le noyau et l’essence de la métaphysique, c’est-à-dire l’application de la raison à elle-même, et, puisqu’elle couve ses propres notions, la connaissance des objets qui en résulte présumablement, sans avoir besoin pour cela de l’intervention de l’expérience, et sans qu’on puisse en général y parvenir par ce moyen[1].

Si cette question reste sans réponse, la raison n’est jamais satisfaite. L’usage expérimental auquel la raison restreint l’entendement pur, ne remplit pas toute sa propre destinée. Chaque expérience particulière n’est qu’une partie de l’étendue complète de son domaine ; mais l’ensemble absolu de toute l’expérience possible n’est plus une expérience ; mais c’est cependant un problème nécessaire aux yeux de la raison, pour la simple représentation duquel il lui faut de tout autres notions que ces notions intellectuelles pures dont l’usage n’est qu’immanent, c’est-à-dire n’a de rapport qu’à l’expérience, si étendue qu’elle puisse être, au lieu que les notions rationnelles ont pour ob-

  1. Si l’on peut dire qu’une science est réelle au moins dans l’idée de tous les hommes, dès qu’il est certain que les problèmes qui y conduisent sont présentés par la nature à la raison humaine de chacun, et qu’ils sont par conséquent l’objet constant, inévitable, d’une multitude de recherches, quoique infructueuses, il faudra dire aussi qu’il y a réellement une métaphysique subjective (et même nécessairement), et se demander alors avec raison comment elle est possible (objectivement).