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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/145

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de laquelle est posé, par quelque chose, quelque autre chose qui en diffère entièrement.

Si les objets du monde sensible étaient pris pour des choses en soi, et les lois naturelles précédemment énoncées pour des lois des choses en elles-mêmes, la contradiction serait inévitable. Pareillement, si le sujet de la liberté était représenté comme simple phénomène, semblable aux autres objets, la contradiction serait encore inévitable, car la même chose serait en même temps affirmée et niée d’un même objet, dans le même sens. Mais si la nécessité n’est rapportée qu’à des phénomènes, et la liberté qu’à des choses en soi, il n’y a pas contradiction, quoiqu’on admette ou qu’on accorde deux espèces de causalité, si difficile ou impossible qu’il puisse être de concevoir celle de la dernière espèce.

Dans le phénomène, tout effet est un événement ou quelque chose qui arrive dans le temps. Il doit être précédé, suivant la loi physique universelle, d’une détermination de la causalité[1] de sa cause (un état de cette cause), détermination qu’il suit d’après une loi constante. Or cette détermination de la cause pour la causalité doit aussi être quelque chose qui se produit ou qui arrive ; la cause doit avoir commencé d’agir, car autrement on ne concevrait entre elle et l’effet aucune succession. L’effet aurait toujours été, tout comme la causalité de la cause. La détermination de la cause à l’agir

  1. L’auteur entend par causalité ce que nous exprimons mieux par le mot causation, effectio. T.