Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


ne devait être établie que par cette déduction. Étant parvenu à la solution du problème de Hume, non seulement pour un cas particulier, mais au regard de toute la faculté de la raison pure, je pus avancer de quelques pas, quoique toujours lentement, de manière à déterminer enfin pleinement et par des principes universels l’entière circonscription de la raison pure, tant par rapport à ses limites qu’à son contenu. C’était là précisément ce qui manquait à la métaphysique pour exécuter son système d’après un plan certain.

Mais je crains qu’il n’arrive à la solution du problème de Hume, pris dans la plus grande étendue possible (à la Critique de la raison pure), ce qui est arrivé au problème même, lors qu’il fut posé pour la première fois. On la jugera mal, parce qu’on ne l’aura pas entendue ; on ne l’entendra pas parce qu’on se sera borné à parcourir l’ouvrage, au lieu de le méditer ; et l’on n’aura pas voulu prendre cette peine parce que l’ouvrage est aride, obscur, contraire à toutes les notions reçues, et par-dessus tout de longue haleine. J’avoue que je ne m’étais pas attendu à voir un philosophe se plaindre d’un défaut de popularité, parler de facilité et de commodité quand il s’agit de l’existence même d’une connaissance estimée et jugée indispensable à l’humanité, connaissance qui ne peut être exécutée qu’en suivant les règles d’une méthode scolastique, qui pourra bien un jour être suivie de la méthode populaire, mais qui ne peut avoir tout d’abord cette allure. Pour ce qui est d’une certaine