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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/198

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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


ment il aurait dirigé son jugement sur ce point, et un essai, même défectueux, aurait, dans une occasion si importante, provoqué son attention. S’il en est ainsi, nous voilà redevenus bons amis. Il peut réfléchir aussi profondément sur sa métaphysique qu’il le jugera convenable, personne n’est obligé de l’en empêcher ; seulement il ne peut juger de ce qui est en dehors de la métaphysique, sur les sources qui s’en trouvent dans la raison. Que mon soupçon ne soit pas sans fondement, c’est ce qui résulte de ce que mon censeur ne dit pas un mot de la métaphysique de la connaissance synthétique a priori, qui était le problème par excellence, de la solution duquel la destinée de la métaphysique est attachée, et qui fait tout l’objet de ma Critique (comme aussi de ces prolégomènes). L’idéalisme sur lequel il s’est achoppé, et auquel il s’est attaché, a été érigé en système (quoiqu’il ait aussi d’autres raisons en sa faveur) comme l’unique moyen de résoudre ce problème ; et alors mon censeur aurait dû prouver ou que ce problème n’a pas l’importance que je lui attribue (comme je le fais encore maintenant dans les prolégomènes), ou qu’il ne peut être résolu par ma notion des phénomènes, ou bien encore qu’il peut l’être mieux d’une autre manière ; mais rien de tout cela dans son article. Mon censeur n’entend donc rien à mon ouvrage, et peut-être rien encore à l’esprit et à l’essence de la métaphysique même, à moins, ce que je suppose plus volontiers, que sa précipitation de critique, irritée de la difficulté de se faire jour à travers tant d’obstacles, n’ait jeté une ombre fâcheuse