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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/201

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LA CRITIQUE JUGÉE AVANT EXAMEN.

Il y a dans ces prolégomènes, et dans ma Critique, t. II, p. 84-106, huit propositions toujours opposées entre elles deux à deux, mais dont chacune appartient nécessairement à la métaphysique qu’il est obligé ou d’admettre ou de refuser (quoique aucune d’elles n’ait été admise d’aucun philosophe de son temps). Libre à lui de prendre celle de ces huit propositions qu’il voudra, de l’admettre sans la preuve que j’en donne, de n’attaquer qu’une seule de ces preuves (pour qu’il n’y ait pas perte de temps sans profit pour lui et pour moi), et par là ma preuve du contraire. Mais si je puis néanmoins justifier cette preuve, et faire voir de quelque manière que, suivant des principes que toute métaphysique dogmatique doit nécessairement reconnaître, l’opposée de la proposition adoptée par moi peut n’être pas moins clairement démontrée, il se trouve par là décidé qu’il y a en métaphysique un vice héréditaire, qui ne peut s’expliquer ni se corriger qu’à la condition de s’élever jusqu’au lieu de son origine, la raison pure elle-même, et qu’ainsi ma Critique doit être acceptée, ou remplacée par une meilleure ; qu’elle doit au moins être étudiée, seule chose que je demande pour le moment. Si, au contraire, je ne puis justifier ma preuve, et s’il se trouve ainsi fermement établi du côté de mon adversaire une proposition synthétique a priori par principes dogmatiques, mon attaque de la métaphysique commune aura donc été sans fondement, et j’offre de reconnaître alors pour légitime le blâme déversé par mon censeur sur ma Critique (quoique ici la conséquence soit loin