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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/233

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une intuition, qui contient en soi une diversité dans de certains rapports, par conséquent une forme). Après avoir produit cette illusion (pas très fine) aux yeux du lecteur, il croit lui avoir montré (sans qu’il remarque la contradiction) que le proprement simple, conçu par l’entendement dans les choses qui ne se trouvent que dans l’Idée, est dans les objets des sens, et lui avoir par là exposé en une intuition la réalité objective de la notion. — Il s’agit maintenant d’examiner cette preuve en détail.

La preuve se fonde sur deux données : la première, que le temps et l’espace concrets se composent d’éléments simples ; la seconde que ces éléments ne sont cependant rien de sensible, mais des êtres de raison. Ces données sont en même temps deux erreurs : la première parce qu’elle est contraire aux mathématiques, la seconde parce qu’elle est en contradiction avec elle-même.

En ce qui regarde la première de ces erreurs, nous pourrons être bref. Quoique M. Eberhard ne paraisse pas avoir une connaissance spéciale des mathématiques (bien qu’il en parle souvent), il comprendra cependant bien la preuve que donne Keil dans son Introductio in veram physicam, par la simple division d’une ligne droite en une infinité d’autres, et il verra par là qu’elle ne peut avoir d’éléments simples, d’après le seul principe de géométrie : que par deux points donnés on ne peut faire passer qu’une seule droite. Cette preuve peut encore être variée de plusieurs manières, et comprendre aussi la preuve de