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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/236

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taires de l’intuition sensible même (quoique sans conscience claire), et il demande que le composé de ces éléments soit un être sensible, mais que ses parties, loin d’être des objets des sens , ne soient que des êtres de raison, « Ce quelque chose d’instinctif ne manque pas aux éléments du concret (de même qu’à ceux de l’espace concret),» dit-il p. 170 ; quoique « ils ne puissent (p. 171 ) être perçus sous aucune forme sensible). »

Qu’est-ce d’abord qui a porté M. Eberhard à un si singulier et si visiblement absurde embrouillement ? Il a vu lui-même que s’il ne donnait pas à une notion une intuition correspondante, la réalité objective était parfaitement irréalisable. Or, comme il voulait assurer cette réalité à certaines notions rationnelles, comme ici à la notion d’un être simple, et de telle sorte que cet être ne fût pas comme un objet dont (ainsi que l’affirme la Critique) on ne peut absolument avoir aucune autre connaissance ; et comme en ce cas l’intuition dont la possibilité tient à la pensée de cet objet insensible devait passer pour simple phénomène, ce que la Critique ne voulait pas non plus accorder, il a dû composer l’intuition sensible de parties qui ne sont pas sensibles, ce qui est une évidente contradiction [1].

  1. Il faut bien remarquer ici qu’il veut maintenant avoir fait consister la sensibilité, non dans la simple confusion des représentations, mais aussi en ce qu’un objet soit donné aux sens (p. 299),tout comme s’il avait par là établi quelque chose à son avantage. Il avait (p. 170) imputé la représentation du temps à la sensibilité, parce que ses parties simples, à cause des limites de l’esprit humain, ne peuvent pas être discernées