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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/248

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sensible au sursensible ; car si l’on ne compte pas successivement les côtés sur ses doigts, on en déterminera difficilement le nombre à la simple vue. La question était de savoir : si nous pouvons espérer d’avoir une connaissance de ce qui ne peut avoir aucune intuition correspondante. La Critique a répondu négativement par rapport à ce qui ne peut être un objet des sens, parce que la réalité objective de la notion exige toujours une intuition, et qu’une intuition humaine, celle même qui est donnée en mathématiques, n’est que sensible. M. Eberhard répond au contraire par l’affirmative, et atteste mal à propos le mathématicien, qui toujours démontre tout en intuition, comme si celui-ci, sans donner à sa notion une intuition rigoureusement correspondante par l’imagination, pouvait déterminer l’objet de la notion par l’entendement avec différents prédicats, et par conséquent le connaître sans la condition dont nous venons de parler. Quand donc Àrchimède circonscrivit et inscrivit au cercle un polygone de 96 côtés, pour prouver que le cercle est plus petit que la première de ces figures et de combien, qu’il est plus grand que la seconde, soumit-il, oui ou non, à sa notion de polygone régulier une intuition ? Il la prit inévitablement pour principe, non parce qu’il traçait réellement la figure polygonale (ce qui serait une prétention inutile et absurde), mais parce qu’il pouvait déterminer d’une manière aussi approximative qu’il le voulait, la règle de la construction de son concept, par conséquent sa capacité, sa grandeur, et par conséquent donner cet