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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/257

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teur se demandera peut-être à cette occasion pourquoi, si M. Eberhard s’élève au-dessus de la sphère de la sensibilité (p. 169), il emploie toujours l’expression de non sensible, et pas plutôt celle de sursensible. Ce n’est pas sans de bonnes raisons ; car la dernière ferait évidemment voir qu’il ne pouvait pas faire sortir le sursensible de l’intuition sensible, par la raison qu’elle est sensible. Mais le non sensible n’indique qu’un simple défaut (par exemple de la conscience de quelque chose dans la représentation d’un objet des sens), et le lecteur ne s’aperçoit pas aussi bien qu’on cherche à lui faire accepter par

    le général (p. 295), clarté qui peut être appelée esthétique, et qui diffère entièrement de la clarté logique (comme si un sauvage de la Nouvelle-Hollande venait à rencontrer pour la première fois une maison et en était assez près pour en distinguer toutes les parties, sans cependant en avoir la moindre notion), mais ne peut assurément figurer dans un manuel de logique. Ce qui fait qu’il n’est pas permis d’admettre, comme on le demande dans l’intérêt de la thèse, de définir l’entendement : la faculté de la connaissance claire, au lieu de le faire comme la Critique, où l’entendement est donné comme faculté de connaître par des notions. Cette dernière définition est donc la seule juste, parce que l’entendement y est aussi présenté comme une faculté transcendantale des notions (catégories) qui ne proviennent originairement que d’elle seule, tandis que la première n’indique au contraire que la faculté purement logique de donner en tout cas aux représentations des sens de la clarté et de la généralité une simple représentation claire, et par l’abstraction de leurs caractères. Mais il importe fort à M. Eberhard d’échapper aux recherches critiques les plus importantes, en donnant à ses définitions des caractères équivoques. Telle est aussi l’expression (p. 295 et ailleurs) d’une connaissance des choses universelles ; expression scolastique tout à fait à rejeter, qui peut ranimer la dispute des nominalistes et des réalistes, et qui, bien qu’on la trouve dans plusieurs manuels de métaphysique, n’appartient point à la philosophie transcendantale, mais seulement à la logique, puisqu’elle n’indique aucune différence dans la qualité des choses, mais seulement dans l’usage des notions, suivant qu’elles sont appliquées en général ou en particulier. Cette expression, avec celle d’inimaginable, sert à fixer le regard du lecteur, comme si on pensait par là une espèce d’objets, par exemple les éléments simples.