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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/266

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gence qu’a M. Eberhard des propositions les plus claires de la Critique, ou bien de son dessein de les mal entendre.

On a dit dans la Critique que la simple catégorie de la substance (comme toute autre) ne contient absolument rien de plus que la fonction logique par rapport à laquelle un objet est conçu comme déterminé, et par conséquent qu’aucune connaissance de l’objet n’est absolument produite par cela seul, pas plus que par le moindre prédicat (synthétique) tant que nous ne lui soumettons pas une intuition sensible ; d’où nous avons conclu que, ne pouvant absolument pas juger des choses sans le secours des catégories, une connaissance du sursensible (toujours, bien entendu, dans le sens théorique) est absolument impossible. M. Eberhard prétend (p. 384-385) qu’on peut acquérir cette connaissance de la catégorie pure de la substance, même sans le secours de l’intuition sensible : « c’est la force qui opère les accidents. » Or la force elle-même n’est autre chose qu’une catégorie (ou son prédicable), à savoir la force de la cause dont j’ai de même affirmé que la valeur objective ne peut pas plus être démontrée sans intuition sensible à elle soumise que l’on ne peut démontrer celle de la notion de substance. Or il fonde aussi cette preuve de fait (p. 385) sur l’exposition dans l’intuition sensible (interne) des accidents, par conséquent aussi de la force, qui en est le principe, car il rapporte en fait la notion de cause à une série d’états de l’âme, dans le temps, à une série de représentations successives, ou de de-