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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/285

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ment analytique, et l’on peut voir suffisamment par cet exemple quelle fausse notion se fait M. Eberhard de cette différence des propositions qu’il prétendait, cependant, qu’il prétend toujours connaître par principe. Car il n’ira pas sans doute jusqu’à regarder une vérité comme une chose qui existe dans le temps, et dont l’existence est ou éternelle ou passagère. Il est nécessaire et éternel que tous les corps soient étendus, qu’ils existent ou non, que l’existence en soit passagère ou longue, ou même qu’ils existent dans tous les temps, c’est-à-dire éternellement. La proposition veut seulement dire qu’ils ne dépendent pas de l’expérience (qui doit être rapportée à quelque temps), qu’ils ne sont par conséquent assujettis à aucune condition de temps, c’est-à-dire qu’ils sont connaissables a priori comme vérités ; ce qui revient exactement à dire qu’ils sont connaissables comme vérités nécessaires.

Il en est de même de l’exemple cité (p. 325) où il faut remarquer également un exemple de son exactitude dans la manière d’alléguer des propositions de la Critique, lorsqu’il dit : « Je ne vois pas comment on veut contester à la métaphysique tout jugement synthétique. » Or la Critique, loin d’avoir fait cela, a bien plutôt (comme on l’a dit précédemment) exposé tout un système, et en réalité un système complet de pareils jugements comme principes vrais ; seulement elle a fait voir en même temps que tous ces principes réunis n’expriment que l’unité synthétique de la diversité de l’intuition (comme condition de la possibilité de l’expérience), et ne sont par le fait applicables