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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/290

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prédicat est synthétique, il a dû s’en choisir un où l'on se soit ordinairement joué déjà en métaphysique, en le considérant tantôt au point de vue logique par rapport à la notion du sujet, tantôt au point de vue réel, par rapport à l’objet, tout en croyant y trouver la même signification, c’est-à-dire la notion du muable et de l’immuable. Ce prédicat, si l’on place l’existence de son sujet dans le temps, donne sans doute un attribut du temps et un jugement synthétique ; mais alors aussi il suppose une intuition sensible et la chose même, quoiqu’à titre de phénomène seulement. Mais il ne remplissait point la condition des jugements synthétiques. Au lieu donc d’employer le prédicat immuable en parlant des choses (dans leur existence), on s’en sert en parlant des notions des choses, parce que alors l’immutabilité est sans contredit un attribut de tous les prédicats en tant qu’ils appartiennent nécessairement à une certaine notion, que du reste quelque objet corresponde à cette notion même, ou qu’elle soit vide ou sans objet. — Il avait déjà joué ce jeu-là avec le principe de la raison suffisante. On devait penser qu’il exposait une proposition métaphysique qui décide quelque chose a priori des réalités, et c’est une proposition toute logique, qui ne dit que ceci : pour qu’un jugement soit synthétique, il doit être représenté non seulement comme possible (problématique), mais encore comme, fondé (analytiquement ou synthétiquement, peu importe). La proposition métaphysique de la causalité était tout à fait à sa main ; mais il se garde bien