Aller au contenu

Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
*

Ces éclaircissements sur une prétendue critique de la raison, qui n’aurait été qu’une critique plus ancienne et favorable aux grandes prétentions de la métaphysique, mais rajeunie, doivent suffire pour le moment, et pour toujours. Il en ressort assez clairement que si quelque chose de semblable a jamais existé, il n’était du moins pas réservé à M. Eberhard de le voir, de l’entendre, ou de pourvoir en quelque point, quoique de seconde main, à ce besoin de la philosophie. — Les hommes laborieux qui se sont efforcés jusqu’ici par leurs objections d’affermir dans sa voie l’œuvre critique, n’entendront pas cette unique dérogation à mon principe (de m’abstenir de toute discussion de forme), comme si leurs arguments ou leur autorité philosophique m’avaient semblé d’une moindre importance : Il y avait lieu, cette fois seulement, de faire remarquer un certain procédé qui a quelque chose de caractéristique, qui semble être propre à M. Eberhard, et mériter attention. Du reste la Critique de la raison pure est en état, grâce à sa solidité intrinsèque, de faire elle-même son chemin, s’il y a lieu. Elle ne disparaîtra pas, si elle parvient un jour à s’établire sans du moins avoir provoqué un système plus ferme de la philosophie pure, que ce qui en a paru jusqu’ici. Si cependant l’on veut en faire l’essai, la marche actuelle des choses donne suffisamment à connaître que l’accord apparent qui règne encore à présent parmi les adversaires de la Critique, n’est qu’une discorde cachée, puisqu’ils sont en complète dissidence