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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/305

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un grand appréciateur et digne panégyriste de Leibniz) il a été maltraité de ses prétendus adeptes et interprètes, comme déjà il était arrivé à des philosophes de l’antiquité qui auraient pu dire : Dieu nous garde seulement de nos amis ; pour ce qui est de nos ennemis nous en faisons notre affaire.

I. Est-il bien sûr que Leibniz ait voulu entendre son principe de la raison suffisante objectivement (comme loi naturelle), lorsqu’il y attachait une grande importance comme à une nouvelle acquisition pour la philosophie ? Il est si universellement reconnu et si évidemment clair (sauf les restrictions convenables), que la tête la plus sotte ne pourrait s’imaginer avoir fait en cela une nouvelle découverte ; aussi a-t-il été accueilli, par des adversaires qui l’avaient mal entendu, avec dérision. Mais ce principe n’était pour Leibniz qu’un principe purement objectif, qui n’avait de rapport qu’à une critique de la raison. Que signifie en effet que : il doit y avoir d’autres principes que le principe de contradiction ? Ceci précisément : que par le principe de contradiction on ne peut connaître que ce qui est déjà dans la notion de l’objet ; que si l’on doit affirmer de cet objet quelque autre chose encore, il faut que quelque chose s’ajoute à cette notion, et que la manière dont cette addition est possible exige la recherche d’un principe différent de celui de contradiction ; c’est-à-dire que ces deux sortes de jugements doivent avoir leur raison particulière. Et comme les propositions de la dernière espèce (maintenant du moins) s’appellent synthétiques, Leib-