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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/309

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possible une expérience de la nature sous l’empire de ses lois diverses particulières et purement empiriques, dont l’entendement ne nous apprend rien a priori, comme si la nature avait été faite à dessein pour notre faculté perceptive ; c’est ce dont nous n’avons pu rendre compte (et ce qui n’est donné à personne de faire). Leibniz en appelait la raison, surtout par rapport à la connaissance des corps, et parmi ces corps le nôtre avant tout, comme principe moyen de ce rapport, une harmonie préétablie. Mais évidemment il n’avait pas bien expliqué ni même voulu expliquer par là cet accord, mais seulement montré et voulu montrer que nous devons par ce moyen concevoir une certaine finalité dans l’arrangement que la cause suprême fait de nous-mêmes aussi bien que des choses hors de nous. Cet arrangement est même comme en germe dans la création (déterminé à l’avance), non comme une prédétermination des choses qui se trouvent en dehors les unes des autres, mais seulement des facultés de l'âme en nous, de la sensibilité et de l’entendement, d’après la propriété particulière de l’une par rapport à l’autre, ainsi qu’il est dit dans la Critique lorsqu’elle enseigne qu’elles doivent être a priori en rapport mutuel dans l’âme pour la connaissance des choses. Que ce soit là son opinion véritable, quoique peu clairement développée, c’est ce qui peut se conclure de ce qu’il étend cette harmonie préétablie bien au-delà de l’union de l'âme et du corps, à savoir encore entre le royaume de la nature et le royaume de la grâce (le royaume des fins par rapport à la fin der-