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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/333

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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


pouvoir se comparer, soi comme objet du sens intime, c’est-à-dire comme âme, avec soi-même comme phénomène, non pas quant à ce qu’on est comme chose en soi. Et cependant la représentation du temps, comme intuition purement formelle a priori, qui sert de fondement à toute connaissance de moi-même, ne me fournit aucun moyen d’expliquer la possibilité de reconnaître cette forme comme condition de la conscience.

Le subjectif dans la forme de la sensibilité, le subjectif qui est la raison de toute intuition des objets, nous a rendu possible une.connaissance a priori des objets, comme ils nous apparaissent. Maintenant nous rendrons cette expression encore plus précise, en expliquant ce subjectif comme le mode de représentation qui en est affecté, de la même manière que notre sens est affecté par les objets, par les externes ou par l’interne (c’est-à-dire par nous-mêmes), afin de pouvoir dire que nous ne les connaissons que comme des phénomènes.

J’ai conscience de moi-même est une pensée qui déjà comprend un double moi, le moi comme sujet et le moi comme objet. Il est absolument impossible d’expliquer, quoique le fait ne soit pas douteux, comment il est possible que je, le je qui pense, puisse être à moi-même un objet (de l’intuition), et me distinguer ainsi de moi-même ; mais cela indique une faculté si élevée au-dessus de toute intuition sensible, qu’elle a pour conséquence, comme principe de la possibilité d’un entendement, l’entière séparation de tout animal