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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/379

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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.

Cette foi est la croyance à une proposition théorique par la raison pratique, par exemple : Il est un Dieu. Et alors, comme la fin dernière est la tendance de nos forces au souverain bien, sous une règle pratique absolument nécessaire, la règle morale, dont nous ne pouvons concevoir l’effet possible que sous la supposition de l’existence d’un souverain bien primitif, nous sommes obligés a priori par la raison pratique pure d’admettre pratiquement ce bien.

Pour la partie du public qui n’a pas à s’occuper de la grèneterie, la prévision d’une mauvaise récolte est une simple opinion, lorsque la sécheresse a régné tout le printemps ; mais la connaissance certaine de cette sécheresse est pour le marchand, qui a pour but et pour intérêt de, s’enrichir par ce commerce, une croyance que la récolte sera mauvaise, qu’il doit par conséquent ménager ses provisions, parce qu’il doit conclure qu’il y a là quelque chose à faire. Mais son intérêt, ses affaires exigent que la nécessité d’une détermination prise d’après les règles de la prudence ne soit que conditionnelle, tandis que celle qui suppose une maxime morale repose nécessairement sur un principe qui est absolument nécessaire.

La foi, au point de vue moralement pratique, a donc une valeur morale encore, parce qu’elle renferme une libre adhésion. Le Credo des trois articles de foi de la raison pratique pure : Je crois en un seul Dieu, comme source de tout bien dans le monde, comme sa fin dernière ; — je crois à la possibilité de. l’accord de cette fin dernière avec le souverain bien