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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/437

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EN GÉNÉRAL.


leur contenu, ne concernent que la possibilité d’un objet représenté (par un acte libre) ne sont que des applications d’une connaissance théorique complète, et ne peuvent former aucune partie spéciale d’une science. Une géométrie pratique, comme science distincte, est une chimère, quoique la géométrie pure contienne encore beaucoup de propositions pratiques dont la plupart, comme problèmes, ne peuvent être résolues qu’à l’aide d’une instruction spéciale. Le problème : Étant donnés une ligne et un angle droit, construire un carré, est une proposition pratique, mais une pure conséquence de la théorie. Aussi l’arpentage (agrimensoria) ne peut-il en aucune façon s’arroger le nom de géométrie pratique, et s’appeler une partie distincte de la géométrie en général. Il appartient aux scolies de la géométrie, à savoir, à l’usage de cette science dans les affaires[1].

Dans une science de la nature même, entant qu’elle repose sur des principes empiriques, c’est-à-dire dans la physique proprement dite, les opérations pratiques par lesquelles on essaie de découvrir les lois cachées de la nature, sous le nom de physique expérimentale,

  1. Cette science pure, et par conséquent sublime, paraît ignorer quelque chose de sa dignité, quand elle avoue que, comme géométrie élémentaire, elle se sert pour la construction de ses notions d’instruments, quoique de deux seulement, du compas et de la règle. Cette construction s’appelle seulement géométrique, par opposition à la construction mécanique, qui est celle de la géométrie supérieure, et qui exige pour la construction des notions de cette géométrie, des machines compliquées. Il est vrai qu’on entend aussi par règle et compas, non pas les instruments réels, qui ne pourraient tracer ces figures avec une précision mathématique, mais les modes les plus simples des représentations de l’imagination a priori qu’aucun instrument ne peut réaliser.