Aller au contenu

Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
INTRODUCTION.


pas quelque connaissance fondamentale a priori, profondément caché, mais qui pourrait se manifester par ses effets si l’on en recherchait avec soin les premières opérations ?


§ VII.

Or, nous trouvons que toute connaissance mathématique a cela de propre, qu’elle doit exposer ses notions tout d’abord en intuition, et même a priori, par conséquent en une intuition qui n’est pas empirique, mais pure, sans quoi elle ne peut faire un seul pas. Ses jugements sont donc toujours intuitifs, au lieu que la philosophie peut se contenter de jugements discursifs par simples notions, tout en expliquant ses doctrines apodictiques par une intuition, mais sans pouvoir jamais les en dériver. Cette observation sur la nature des mathématiques nous dirige déjà vers la première et suprême condition de leur possibilité, à savoir, qu’elle doit avoir pour fondement quelque intuition pure où elle puisse exposer toutes ses notions in concreto, et cependant a priori, ou, comme on dit, les construire[1]. Si nous pouvons découvrir cette intuition pure et la possibilité dont il s’agit, il sera facile de voir comment des propositions synthétiques a priori sont possibles dans la mathématique pure, et comment, par suite, cette science elle-même est possible. En effet, de même que l’intuition empirique permet sans difficulté d’étendre synthétiquement dans l’expérience la notion que nous nous faisons d’un objet

  1. V. Critique, p. 314.