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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/71

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POSSIBILITÉ DE LA PHYSIQUE PURE.


par la raison que je ne veux pas savoir ce qui est contenu dans ma notion d’une chose (car cela fait partie de son essence logique), mais ce qui, dans la réalité de la chose convient à cette notion, et par quoi la chose même est déterminée dans son existence en dehors de ma notion. Mon entendement, et les conditions sous lesquelles seules il peut lier les déterminations des choses dans leur existence, ne prescrit aux choses mêmes aucune règle ; ces règles ne se déterminent pas sur mon entendement ; c’est au contraire mon entendement qui doit se régler sur elles. Elles devraient donc m’être données d’abord pour en tirer ces déterminations, et alors elles ne seraient pas connues a priori.

Une telle connaissance de la nature en soi est également impossible a posteriori. En effet, si l’expérience doit m’apprendre les lois auxquelles l’existence des choses est soumise, alors ces lois, en tant qu’elles concernent les choses en soi, leur conviennent nécessairement encore en dehors de mon expérience. Or l’expérience m’apprend bien ce qui existe et comment il existe, mais jamais qu’il doive être nécessairement ainsi et pas autrement. Elle ne peut donc jamais faire connaître la nature des choses en soi.


§ XV.

Et cependant nous sommes réellement en possession d’une science naturelle pure, qui présente des lois a priori, et avec toute la nécessité requise pour