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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/76

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est donnée ; elles supposent déjà une expérience. Il ne s’agit donc pas de savoir comment nous pouvons (par l’expérience) apprendre à connaître les lois de la nature, car elles ne seraient pas alors des lois a priori, et ne donneraient aucune physique pure, mais bien de savoir comment les conditions a priori de la possibilité de l’expérience sont en même temps les sources d’où toutes les lois universelles de la nature doivent être dérivées.


§ XVIII.

Nous devons donc remarquer avant tout que, malgré le caractère empirique de tous les jugements d’expérience, c’est-à-dire quoiqu’ils aient leur fondement dans la perception immédiate des sens, tous les jugements empiriques ne sont cependant pas, réciproquement, des jugements d’expérience, mais qu’en dehors de l’élément empirique, et généralement en dehors de la donnée de l’intuition sensible, il doit y avoir encore des notions particulières qui ont leur origine entièrement a priori dans l’entendement pur, auxquelles toute perception est soumise et peut ensuite par ce moyen être convertie en une expérience.

Des jugements empiriques, s’ils ont une valeur objective, sont des jugements d’expérience ; mais ceux qui n’ont qu’une valeur subjective sont de simples jugements de perception. Ceux-ci n’ont besoin d’aucune notion intellectuelle pure, mais seulement de la liaison logique de la perception en un sujet pensant. Ceux-là, au contraire, demandent toujours, indépen-