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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/86

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intuitions, qui ne peut être représentée que par une fonction logique donnée des jugements.


§ XXIII.

En somme : l’affaire des sens est de percevoir ; celle de l’entendement, de penser. Or, penser c’est réunir des représentations en une seule conscience. Cette réunion n’a lieu que par rapport au sujet, et n’est ainsi que contingente et subjective ; ou bien elle a lieu absolument et porte le caractère de la nécessité ou de l’objectivité. La liaison des représentations en une seule conscience est le jugement. Penser c’est donc juger ou rapporter des représentations à des jugements en général. Des jugements sont donc ou simplement subjectifs, quand des représentations sont seulement rapportées à une conscience unique dans un sujet, ou ils sont objectifs quand elles sont réunies en une conscience en général, c’est-à-dire quand elles y sont nécessaires. Les moments logiques de tous les jugements sont donc autant de manières possibles de lier des représentations en une conscience. Et comme ils servent en tant que notions, ils sont donc les notions de l’union nécessaire des représentations en une seule conscience, par conséquent des principes de jugements d’une valeur objective. Cette liaison en une seule conscience est ou analytique par identité, ou synthétique par la composition et l’addition de différentes représentations entre elles. Une expérience consiste dans la liaison synthétique des phénomènes (des perceptions) en une conscience, en tant que cette liaison est nécessaire. Des