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1570. ferment la bouche, le pendent par les pieds et le taillent en pièces : Maluta-Skouratof, descendu de cheval, coupa, le premier, une oreille au martyr (62).

La seconde victime fut le trésorier Founikof, ami de Viskovaty, accusé, avec aussi peu de fondement, des mêmes trahisons : C’est pour la dernière fois, dit-il au tzar, que je te salue sur la terre, et je prie Dieu qu’il t’accorde, dans l’éternité, un prix digne de tes actions ! On versait alternativement de l’eau bouillante et de l’eau glacée sur le corps de ce malheureux, qui expira dans d’horribles souffrances. Les autres furent égorgés, pendus ou hachés en morceaux. Le tzar lui-même, à cheval, d’un air tranquille, perça un vieillard de sa lance : dans l’espace de quatre heures on mit à mort environ deux cents hommes ! Enfin, ayant terminé cette horrible expédition, les meurtriers baignés de sang, brandissant leurs épées fumantes, vinrent se ranger devant le tzar en poussant leur cri de joie, hoïda ! hoïda[1] ! et glorifiant sa justice. Jean, parcourant la place, examina les amas de cadavres ; mais, rassasié de meurtres, il ne l’était pas encore du désespoir de ses sujets. Il

  1. Cri des Tatars pour animer leurs chevaux.