Page:Karamsin - Histoire de l'empire de Russie, Tome IX, 1825.djvu/417

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1581. le tzar quitta la Slobode Alexandrovsky et se rendit à Staritza avec toute sa cour, ses boyards et gardes-du-corps : tout devait laisser croire qu’il allait commander ses armées en personne, diriger leurs mouvemens, et, à l’exemple du héros du Don, se précipiter avec elles à la rencontre du nouveau Mamaï…. C’était à l’astuce, à la flatterie, et non pas aux combats que se préparait ce lâche prince !

Ce fut le 18 d’août que le jésuite Possevin, impatiemment attendu par le tzar, arriva à Staritza. Depuis Smolensk jusqu’à cette ville, il avait été reçu et complimenté partout avec les plus grands égards et une pompe extraordinaire. Des bataillons, couverts de riches armures, se tenaient sous les armes au passage du jésuite. Les officiers mettaient pied à terre, le saluaient, le haranguaient. Jamais ambassadeurs d’aucun souverain n’avaient reçu, en Russie, de semblables honneurs. Après deux jours employés à se remettre des fatigues de son voyage, Antoine, accompagné de quatre frères de son ordre, fut admis en présence du tzar. La magnificence de la cour, l’éclat des pierres précieuses et des plus riches métaux causèrent son étonnement, ainsi que l’ordre et la parfaite tranquillité qui régnaient au palais. Au nom de Grégoire XIII,