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1565.
Consternation générale dans Moscou.
À cette nouvelle une consternation générale se répandit dans Moscou, car l’anarchie paraissait plus terrible encore que la tyrannie. « Le tzar nous a abandonnés ! s’écriaient les habitans, nous sommes perdus ! qui nous défendra contre les attaques des étrangers ? Comment les brebis pourraient-elles rester sans pasteur ? » Le clergé, les boyards, les grands officiers, les employés des tribunaux, supplièrent le métropolitain de tout employer pour fléchir le tzar. « Qu’il punisse, disait-on d’une voix unanime, qu’il punisse les séditieux et les conspirateurs ! n’a-t-il pas sur nous droit de vie et de mort ? Mais l’État ne peut rester sans chef ! il est notre souverain légitime, celui que Dieu nous a donné ; nous n’en reconnaissons pas d’autre. Nous vous suivrons tous ; nous lui porterons nos têtes ; nous nous prosternerons devant lui, la face contre terre ; nous le toucherons par nos larmes. » Les marchands, les bourgeois tenaient les mêmes discours, auxquels ils ajoutaient encore : « que le tzar nous désigne ceux qui le trahissent, nous en ferons justice nous-mêmes. » Le métropolitain était décidé à partir sur-le-champ pour se rendre auprès du tzar ; les membres du conseil furent d’avis que, dans un pareil moment, le chef