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Page:Keats - Poèmes et Poésies, trad. Gallimard, 1910.djvu/160

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ODE SUR LA MÉLANCOLIE

I

Non, non, ne te plonge pas dans le Léthé, ne pressure pas
L’aconit, aux racines serrées, pour recueillir son jus empoisonné ;
Ne laisse pas ton front pâle subir le baiser
De la belladone, raisin vermeil de Proserpine ;
N’égrène pas comme un rosaire les baies de l’if,
Que ni l’escarbot, ni la phalène de mort ne soit
Ta plaintive Psyché, ni le duveteux hibou
Ton partenaire dans les mystérieuses souffrances ;
Car ombres sur ombres surviendront aussi assoupissantes
Et étoufferont l’angoisse en éveil dans ton âme.