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L'AME DES SAISONS


O frêles fleurs en pleurs, ô vierges et martyres,
O fleurs dont les regards adorables expirent,
O fleurs d’amour, ô fleurs de calme et de clarté,
O fleurs de bonne mort et de suavité ;
 
O fleurs dont la douceur intime et sympathique
Caresse les fronts las et les cœurs oppressés,
O fleurs dont la langueur est comme une musique,
O fleurs qui consolez, ô fleurs qui guérissez ;
 
O fleurs que je distingue à peine de mes rêves,
O douces fleurs en qui mes tristesses s’achèvent,
Fleurs qui portez mon âme en vos calices purs
Et l’offrez sanglotante aux baisers de l’azur ;
 
O fleurs, je vous bénis pour la sollicitude
Dont vous avez enveloppé ma solitude,
Je vous bénis, ô belles fleurs, ô bonnes fleurs,
Pour vos baisers, pour vos sourires, pour vos pleurs ;
 
Et je vous loue, ô fleurs miséricordieuses,
Parce que vous avez, devant le soleil pur,
Du geste frêle de vos corolles pieuses
Fiancé ma tristesse à celle de l’azur !