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LA NEIGE ET LES LAMPES


D’autrefois c’est, dans les Carpathes,
Un ours rougissant le poignard
D’un robuste et roux montagnard
Qui gît terrassé sous sa patte.

Souvent il neige à gros flocons
Sur les saules, et les garçons,
En mitaines épaisses, roulent
Une énorme et bleuâtre boule.

Souvent, frôlant d’un col câlin
La barrière aux coussins de glace,
Un chevreuil mange dans la main
De la fille du garde-chasse.

Souvent aussi Petit Poucet,
Chaussé des bottes de sept lieues,
Traverse à grands pas la forêt,
Suivi d’un vol de hochequeues.

Mais le soir rougeoie à travers
La dentelle des sapins verts,
Et seul, sur la plaine sans borne,
Un chasseur souffle dans sa corne.