Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/158

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plus minutieux me montra que l’appareil tout entier était de toutes parts éraillé et terni par le temps et l’usage ; mais même dans cet état il était suffisamment splendide pour mériter de prendre place sur le seuil d’un zenana[1] royal. Je ne lui trouvai aucun défaut, si ce n’est qu’il se trouvait dans mon écurie. Mais, essayant de le soulever par la perche d’épaule ferrée d’argent, je me mis à rire. Depuis le hangar de paye de Dearsley jusqu’au cantonnement le chemin était étroit et raboteux, et, parcouru par trois porteurs de palanquin des plus inexpérimentés dont l’un avait le crâne fortement meurtri, il avait dû être pour eux un chemin de torture. Malgré cela je ne reconnaissais pas bien de quel droit les Trois Mousquetaires faisaient de moi un receleur.

— Je vous demande de l’entreposer, me dit Mulvaney quand il fut amené à examiner la question. Il n’y a pas de vol là dedans. Dearsley nous a dit que nous pouvions l’avoir si nous nous battions. Jock s’est battu… oh ! monsieur, quand la bagarre était à son comble, et que Jock saignait comme un porc qu’on égorge, et que le petit Ortheris trépignait sur une jambe en mordant à grosses bouchées dans la montre de Dearsley, j’aurais donné ma place au combat pour que vous puissiez en voir une reprise. Comme je l’avais prévu, Dearsley choisit Jock et Jock lui causa de la déception. Durant neuf reprises ils firent match égal, et à la dixième… Mais revenons à ce palanquin. Il n’y a pas le moindre

  1. Harem.