Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/185

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— Nous bivouaquerons ici cette nuit, dit le major. J’ai idée que les Gourkhas vont se faire prendre. Ils auront peut-être besoin de nous pour se reformer. Repos jusqu’à ce que le train des équipages se soit éloigné.

Une main saisit ma monture par la bride et l’emmena hors de la poussière asphyxiante ; une autre main plus large m’enleva de ma selle, et deux des plus vastes mains du monde me reçurent quand je sautai à bas. Il est heureux pour un correspondant spécial de tomber entre des mains comme celles des soldats Mulvaney, Ortheris et Learoyd.

— Et voilà qui est parfait, dit l’Irlandais, calmement. Nous pensions bien vous trouver quelque part par ici. Y a-t-il quelque chose à vous dans les équipages ? Ortheris ira vous dénicher ça.

Ortheris me « dénicha ça » de dessous la trompe d’un éléphant, sous les espèces d’un domestique et d’un animal, tous deux chargés de secours médicaux.

Les yeux du petit homme étincelèrent.

— Si la brutale et licencieuse soldatesque de ces environs s’aperçoit du truc, dit Mulvaney, tout en faisant une experte investigation, tout sera barboté. Ces jours-ci les hommes sont nourris de limaille de fer et de biscuit de chien, mais la gloire ne compense pas le mal de ventre. Heureux encore que nous soyons ici pour vous protéger, monsieur. Bière, saucisse, pain (et frais, encore ! c’est une curiosité), soupe en boîte, whisky, d’après l’odeur, et volaille. Sainte Mère de Moïse, mais vous prenez